Prédispositions au cancer : la piste du chromosome 9 Plusieurs équipes de chercheurs ont identifié, dans une même région du chromosome 9, des variations génétiques communes à des cancers de la peau ou du cerveau. Leurs études font l'objet de pas moins de cinq articles publiés, dimanche 5 juillet, sur le site de la revue Nature Genetics. Ces découvertes devraient contribuer à améliorer la prévention et le dépistage de ces cancers, et à développer des thérapeutiques ciblées. Les études présentées par Nature Genetics s'appuient sur une même méthode : les tests par association sur le génome entier ("Genome-wide association studies"). Elle consiste à repérer les mutations ponctuelles de l'ADN associées à une susceptibilité accrue à une maladie. Dans ce type d'études, des centaines ou des milliers de mutations ponctuelles ("single nucleotide polymorphisms" ou SNP) sont analysées simultanément. Les publications de Nature Genetics sont consacrées à trois cancers : le mélanome et le carcinome basocellulaire (deux types de cancer de la peau) et le gliome, une tumeur maligne du cerveau, souvent de mauvais pronostic. En tout, 317 000 variants génétiques ont été analysés. L'étude sur le mélanome a été conduite par le consortium international GenoMEL et a impliqué, en France, les chercheurs de différentes institutions, avec le financement de l'Institut national du cancer et de la Ligue nationale contre le cancer. Elle porte sur un total de 1 650 patients atteints et 336 sujets contrôles. Les résultats ont été vérifiés sur un autre contingent de 1 163 patients et sujets contrôles. Dans trois régions du génome, des variations présentaient un lien statistique avec un risque accru de développer un mélanome. Deux de ces trois régions font partie de deux gènes ("TYR" et "MCR1"), associés à la pigmentation de la peau, aux taches de rousseur et à une sensibilité cutanée au soleil, trois facteurs de risque du mélanome connus. La troisième région est située à proximité d'un gène baptisé "CDKN2A". Les auteurs de l'étude soulignent que, malgré la grande variation de fréquence, "ces variants génétiques présentent une homogénéité d'effet notable dans la population d'origine européenne vivant sous différentes latitudes". Pour leur part, les chercheurs de l'entreprise islandaise CODE Genetics, associés à plusieurs groupes de recherche européens et américains, se sont intéressés au carcinome basocellulaire. Simon Stacey et ses collègues ont identifié trois nouveaux variants génétiques associés au carcinome. L'un d'entre eux est, également, localisé près des gènes "CDKN2A" et "CDKN2B", toujours sur le chromosome 9, les deux autres étant situés sur d'autres chromosomes. La région des gènes "CDKN2A" et "CDKN2B" sur le chromosome 9, abrite aussi l'un des cinq variants génétiques associés à une susceptibilité majorée de développer un gliome et repérés par des chercheurs européens et américains. La comparaison des mutations ponctuelles chez 2 545 patients ayant eu cette tumeur et 2 953 sujets contrôles a aussi mis en évidence cinq autres régions portées par les chromosomes 5, 8, 11 et 20. C'est la première démonstration de l'implication de variants génétiques fréquents dans l'accroissement du risque de gliome.